Dans l'abstraction, il faut se méfier des zones qui éveillent des émotions tendres. Souvent ces mêmes parcelle serviront de sacrifices pour faire avancer la toile. Schlack! Il faut demeurer prêt à tuer toutes structures du tableau. Garder à l'horizon de notre cervelle, le spectre de la seizième arcane majeur du tarot de Marseille. Peindre, s'est octroyer à la main le pouvoir de Dieu et le culot du diable. Déambuler dans des absolus.
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Le noir et le blanc, parfois ce sont des couleurs ou non. Parfois des mondes bien à part. Bien souvent, deux dieux majeures du panthéon de la lumière.
Il fait encore nuit. Les voitures ont recommencé leurs valses de roulis roulant, annonçant le retour de la marée humaine. Je n'ai jamais comprise comment un noir de quatre heures du matin pouvait être plus clair qu'un noir du soir. Il est plus vivifiant, remplit d'espoir et de possibilités. Ce noir a du temps devant lui, il n'est pas à la fin de sa vie.
Il y a une zone dans le vide qui ne peut que se répondre par la peinture. Un endroit où il n'y a plus d'images, de sons, ni de mot. C'est le milieu d'un désert où personne ne peut sortir. Ce n'est pas un labyrinthe, mais une étendue de sable sous un soleil de plomb. On y suffoque sans eau. Sans personne. Rien. Tracer des lignes dans le sable ou le ciment, devient votre unique chance de passer ce temps.
L'onde. On parle d'elle comme d'une perturbation qui se propage dans un milieu sans modifier sa structure de façon permanente. Sans changer en somme les propriétés du lieu. Il est donc question d'un saisissement dans le temps. Je me demande si, elle ne serait pas des tréfonds de l'invisible, la mesure visible de sa présence.
Parfois la pluie n'est que promesse pour écouter une mélodie sans mot. Le silence des temps nuageux. Il y a des tristesses comme des joies, des trous dans le ciel qui ne prédisent aucunement leurs couleurs ou leurs formes.
L'empreinte de l'humain est partout. En ville, c'est de l'ordre de l'insupportable. Son énergie qu'il épand dans la matière me sidère. Peu importe où je regarde il y a l'homme, puis le trajet de son absence au monde.
Les histoires de corps, les histoires de cœurs et leurs pérennités. Il y a toujours la mémoire, le temps et le désir dans chacune. Un genre de trinité immuable. L'amour, c'est ce qui ne cesse jamais, c'est une ligne vers l'infini à l'image de l'âme.
L'hiver c'est fait pour le tissage des mots qui dansent au son d'une petite chaufferette électrique.
Avant la peinture, il y avait l'écriture. Longtemps, tous les jours, pendant plus de dix ans. À mon arrivée dans l'île de béton, la voix d'écriture s'est pointée un soir pendant que j'étais dans cette étrange salle de bain de la rue Saint-Laurent, dans ce lieu qui ne ressemblait à rien. Ma voix a dit une question claire et précise. « Est-ce plus facile quand il y a l'amour? » Je sais encore le ton, le débit, le velours à mon oreille. Ce n'est pas une expérience que l'on oublie que celle d'une voix à soi, qui entre sans cogner et que l'on ne connait pas. C'est foudroyant et l'on ne s'en remet pas.
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